LA PRÉSIDENTIELLE SÉNÉGALAISE, UNE AFFAIRE EXCLUSIVEMENT MASCULINE

La participation politique des femmes à la gestion du pouvoir est une question de principe démocratique et un principe de gouvernance. On s’étonne encore de la sous-représentation des femmes  politiques dans les instances de prises de décisions même si des progrès significatifs ont été accomplis au cours des dernières décennies en termes d’égalité entre les femmes et les hommes.

Outre, cette volonté des hommes politiques à exclure les femmes dans le champ politique tiendrait d’abord très prosaïquement au fait qu’ils refusent de partager le pouvoir avec elles. En politique, une femme en plus, c’est un homme en moins : aux yeux de ses collègues masculins, la femme politique est alors une concurrente, une intruse, une voleuse d’emploi. Qui plus est, la plupart des hommes politiques n’ont guère envie de voir des élues introduire dans l’agenda politique des revendications féministes : leur résistance à l’entrée des femmes en politique est aussi un moyen de défense contre une remise en question de la domination masculine sur l’ensemble de la société.

Au Sénégal, le fait qu’il ait été nécessaire d’imposer la loi sur la parité dans la plupart des élections a permis à certaines femmes de parvenir à l’exercice de fonctions politiques… Par ailleurs cette loi est stigmatisée comme étant la loi des femmes ou en faveur des femmes. Elle soulève toujours des questions d’ordre culturels et religieux. Des hommes qui auraient pourtant soutenu ce projet de loi, continuent de dresser des candidatures exclusivement masculines sur les listes électorales et cela avec la complicité des femmes.  Un fait indéniable est revenu constamment dans mes enquêtes sur LES FEMMES ET LA POLITIQUE :

Les femmes ne sont pas solidaires entre elles. Au lieu de soutenir leur « sœur », elles sont les premières à se liguer contre elle et à la combattre.

Les femmes représentent la majorité et elles sont en mesure, à elles seules, de nommer le / la Président(e) de la République. En revanche, quand il faut élire un responsable, les femmes sont complices de leur sous – représentation dans les instances de décisions puisqu’elles votent pour un candidat et non une candidate, qui, elle, se retrouve le plus souvent avec sa seule voix. Elles perçoivent à travers les images, les représentations sociales et culturelles, la mémoire collective, l’imaginaire collectif…, au masculin le poste de responsable et ne l’envisagent pas au féminin. Victimes d’un système patriarcal, elles reproduisent les inégalités de genre.

Toutefois, le courage des candidates au présidentielles de l’année 2019 est à saluer et même si elles sont écartées du parrainage, cela ne minimise en rien la valeur du symbole.

 

 

Halima 

 

Halima Titulaire d’un doctorat de psychologie sociale à l’Université Sorbonne Paris Nord, mes travaux de recherches sont centrés sur le féminisme et l’égalité de genre. En tant que travailleuse humanitaire et actrice de développement, je soutiens aussi l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes en participant à l’implémentation du genre dans plusieurs projets de développement. En 2022, j’ai été invitée par le chancelier Olaf Scholz, en tant que championne de l’égalité des sexes, à rejoindre le Conseil Consultatif de l’Egalité de Genre (GEAC) du G7 et à formuler des recommandations dans l’agenda des chefs d’Etats du G7. En tant que Championne de l'égalité des sexes du GEAC_G7, j'ai eu le privilège de représenter un groupe de nations puissantes engagées en faveur de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. Mon rôle a consisté à plaider en faveur de politiques et d'initiatives qui visent à promouvoir l'égalité des sexes à l'échelle internationale.

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